Vivre et manger-ensemble

Une acception populaire dit «bienmangerpourvivre».

Conscient que l’alimentation est responsable de nombreux problèmes de santé, la plupart des mets traditionnels, au-delà de la satisfaction du besoin fondamental de la nutrition, sont conçus pour combler certaines carences alimentaires et aussi pour soigner ou prévenir de nombreuses maladies. Les peuples de l’Afrique en miniature qu’est le Cameroun ont toujours conçu l’alimentation comme une médication naturelle, préventive et curative, bien longtemps avant le médecin grec Hippocrate. 

D’ailleurs, le terme « alicament » naît de la contraction des mots aliments et médicaments.

Certains mets sont réputés contribuer à la bonne santé à la beauté physique ou à l’esthétique corporelle du consommateur. L’alimentation peut influer la taille, la finesse, la longueur ou la grosseur du nez (comme pendant la grossesse), des fesses, des seins, de la poitrine, du ventre, de la longueur des bras et des jambes, de la couleur ou de l’abondance de la chevelure, de la couleur ou teinture de la peau, la bonne forme en générale, la force ou la virilité, voir la fertilité. Certains repas sont supposés attiser la libido et d’autres recettes culinaires sont dotées des saveurs et épices qui épicent la vie érotique et maintiennent le charme entre le consommateur et celles qui les a préparé ou assaisonné.

Transmis de génération en génération, les recettes alimentaires traditionnelles, accompagnés des règles d’usage, assortis de d’interdits, et parfois des recommandations de bains ou des massages spéciaux permettent de préserver la santé, les bonnes formes et la beauté physique.

La cuisine camerounaise est en voie de codification, impliquant l’élaboration d’un inventaire et d’une cartographie des cuisines nationales, l’enseignement de la cuisine nationale, la création des réserves botaniques (des plantes endogènes) et zoologiques culinaires, et la mise sur pied d’une norme orthographique des gastronymes. L’une des voie de promotion de l’art culinaire camerounais est l’adoption d’un agenda culturel et la création des concours et prix mettant en exergues certains aliments, en fonction des saisons, des périodes fastes ou de pénurie de leurs productions (Ex faire du Mbongoo, du Taro ou sauce jaune, le met par excellence de célébration de la fête de l’amour, du /14 février, des festivals ou cérémonies nuptiales, …) ou encore associant certains plats locaux aux événements internationaux, la création de certaines recettes locales pour la restauration rapide.

En plus du poivre de Penja et du miel d’Oku, plusieurs produits alimentaires sont déjà ou en cours de labellisation.

Du vivre-ensemble au manger-ensemble, vient le partage des recettes, puis les nouvelles saveurs à travers les emprunts culinaires. En effet, en raison des contacts interethniques, l’art culinaire camerounais connait à certains égards un métissage, ce qui entraîne le phénomène de l’emprunt culinaire.

Les noms des aliments sont plus ou moins révélateurs du peuple duquel ils viennent. La plupart des mets est riche en valeurs nutritives et chacun porte un nom propre, en langues nationale. Ces noms gastronomiques figurent dans les menus de restaurants tant chics que modestes, du pays ou en diaspora. 

Au-delà des mariages exogamiques, des migrations des populations à différentes échelles territoriales, le rapport des Camerounais à la cuisine est un dialogue interculturel.